Un jour pas comme les autres
OP
Avril
Une OP, c’est quand le Marion Dufresne vient nous voir… Ça arrive 4 fois dans l’année, et à chaque fois c’est une grosse organisation. Le bateau reste entre 3 et 4 jours pour qu’on ait le temps de tout faire : Décharger les vivres pour tenir jusqu’à la prochaine fois, renvoyer des déchets, accueillir les touristes, les « interdistricts » (ceux qui ne restent nulle part, mais qui vienne contrôler le travail des militaires sur les différentes îles, ou représenter quelqu’un ou un organisme), les nouveaux qui resteront sur base, etc… C’est beaucoup de travail et c’est très fatigant, parce qu’on passe de 21 personnes à 100 personnes en quelques heures et que le fonctionnement de la base est très différent.
Une OP (Opération Portuaire) ça se prépare ! D’abord, les cuisines font tout ce qu’elles peuvent à l’avance pour les buffets repas. Forcément, ils ont besoin d’aide, donc chacun est libre de participer quand son emploi du temps le permet. Ensuite, il y a la base verte. C'est-à-dire qu’on essaye de remettre en forme tous les espaces verts de la base, on tonds, on taille, on désherbe, on plante parfois aussi, bref, on range la base. Il y a aussi la base blanche. Ça, c’est le ménage de tous les bâtiments de vie commune et de logements de ceux qui passeront une ou plusieurs nuits sur le district. C’est comme un gros nettoyage de printemps, mais pour l’été, l’automne et l’hiver aussi ! On en profite pour faire pleins de choses qu’on laisse parfois un peu de côté. Le bateau va aussi emmener notre courrier, donc il faut finir d’écrire à chacun, et boucler les colis pour que notre GP (Gérant postal) puisse avancer un maximum sur son travail. Ce sont des petites choses qui peuvent prendre vite un peu de temps, et ça rajoute toujours un peu d’excitation pour l’arrivée du bateau ! Et ce sont également tous nos colis qui arrivent ! ;)
Juste avant que le bateau approche, on monte les drapeaux sur le mat des couleurs. Et dès que le bateau arrive, on est tous comme des petites fourmis, pour prendre chacun notre poste. D’abord, il y a l’équipe des Playmobils, avec le chef pompier qui vont sur la DZ, où l’hélico arrivera avec les premiers passagers. Le rôle des playmobils et d’assurer la sécurité des passagers ou des charges amenées par l’hélico. On les appelle comme ça à cause de la cote rouge et des casques qu’il faut porter quand on a ce rôle. Au début de l’OP, ce sont d’abords les passagers qui descendent. D’abords, les nouveaux arrivant qui resteront, ensuite, les touristes, et enfin, les autres passagers du bateau qui resteront la nuit sur base. On ne peut loger qu’une trentaine de personnes de plus que nous sur le district et les touristes vont dormir en cabane (à Ribault ou à Antonelli selon les nuits) avec nos VSC de la Réserve Naturelle. Lorsque tout le monde est arrivé, et que le Chef de district a fini son discours, les playmobils doivent s’occuper des « slings ». Le transfert du matériel et des vivres nécessaires à la vie sur l’île. L’hélico fait des allers-retours entre le bateau et la base avec de grosses caisses attachées au bout d’une corde. Il ne se pose pas, il descend juste assez pour que la caisse touche le sol, les playmobils le détache, et l’hélicoptère repart. Les caisses sont déplacées pour libérer la place, et les allers et venues s’enchainent tout au long de l’OP. Certaines cabanes sont aussi ravitaillées de la même façon.
Quand on n’est pas playmobil, on est de petite marie. On s’occupe du ménage et de la mise en place des repas au skua, de la vaisselle, bref, de la logistique de tout ce petit monde. Ça occupe toute la matinée, et l’après-midi, on aide à ranger les vivres en cuisine ou en chambre froide, on fait visiter la base à des petits groupes, et pointe B aux touristes où à ceux qui veulent aller marcher un peu plus loin que les limites de la base.
On ne s’ennuie jamais, pendant une OP, et quand ça s’arrête, on est tous très fatigués. Le plus dur sont souvent les derniers adieux à ceux avec qui on a vécu, plus ou moins longtemps. Ce sont les derniers à monter dans l’hélico, et ensuite, le bateau repart sous les échos de l’alarme incendie qui retentit une dernière fois, pour dire au revoir…